En dépit de la volonté affichée de la Direction de s’ « associer à la mobilisation nationale pour le pouvoir d’achat », force est de constater que cette session des NAO 2019  pour FDPS aura été un « grand n’importe quoi » et aura finalement révélé un grand mépris de la part de la Direction pour les salarié.e.s et leurs représentant.e.s.

UN CONTEXTE POURTANT FAVORABLE

Dans l’euphorie de l’annonce des excellents résultats du groupe pour 2018, c’était Champagne ! au 6ème étage du Flavia à Ivry.

Côté salarié.e.s, c’était limonade pour les seul.e.s bénéficiaires de la fameuse (fumeuse) prime Macron, dont une grande partie d’entre nous n’aura vu que la lettre signée par Madame Giavarini annonçant qu’elle serait versée directement sur la fiche de paie de février, oui mais non, en fait pas, sauf si… Un raté de communication dans les grandes largeurs !

Les NAO 2018 avaient porté une enveloppe d’augmentation de 1,5%, ce qui (avec quelques autres mesures d’ordre non financier, tel que le report de jours de congés à fin août demandé et obtenu par l’UNSA) avait permis l’adhésion de l’ensemble des syndicats et la signature d’un accord unanime. Avec une inflation qui avait été de 1% en 2017, et dans un contexte de fusion Fnac-Darty que la Direction présentait comme « compliqué » et des résultats fragiles, le solde était à l’avantage des salarié.e.s.

UN TACLE AU NIVEAU DES GENOUX

En 2019, le contexte est très différent : les résultats du groupe sont excellents, les synergies sont achevées avec 2 ans d’avance, mais l’inflation a été plus importante en 2018 : 1,8% , avec une prévision de 1,5% pour 2019. Une occasion pour l’entreprise de récompenser les salarié.e.s de FDPS dont le travail a permis ces excellents résultats, tout en sécurisant leur pouvoir d’achat ! Nous attendions donc une enveloppe d’augmentation supérieure à celle de 2018.

Las ! En bout de course, la Direction n’a proposé cette année qu’une enveloppe globale de 1,5%, incluant des mesurettes pour les plus bas salaires et la réduction des inégalités femmes / hommes, applicables à partir du 1er mai uniquement (1).

Comprenant bien qu’il serait difficile pour la Direction de desserrer davantage les cordons de la bourse, l’UNSA a avancé des propositions pour améliorer l’organisation et de la qualité de vie au travail, qui ne coûtent rien ou presque à l’entreprise. Parmi ces demandes, nous avons insisté sur deux points que vous nous avez désignés comme prioritaires :

TELETRAVAIL

  • une journée de télétravail pour les salarié.e.s à temps partiel (80%)
  • une seconde journée de télétravail pour les salarié.e.s à temps complet.

Dans notre volonté d’aboutir à un accord, nous avons accepté de discuter de conditions : âge, temps de trajet, spécificités familiales… qui permettraient de valider la deuxième journée de télétravail avant une extension ultérieure à l’ensemble des salarié.e.s.

Seul le critère de l’âge a été retenu par la Direction, qui, armée de ses statistiques, a pu calculer que peu de salarié.e.s pourrait y prétendre. Il ne s’agit donc plus de tester la mesure avant de la généraliser, mais bien d’en limiter l’impact au maximum en laissant croire que c’est une ouverture. Seul.e.s les aveugles volontaires s’y laisseront prendre. Et quel signal la Direction envoie-t-elle à nos collègues de 55 ans et plus qui pourront avoir l’aumône d’un deuxième jour de télétravail en raison de leur âge ! On voudrait faire de la discrimination par l’âge, on ne s’y prendrait pas autrement !

Ah, pardon : à la demande d’un syndicat, le télétravail sera également possible en cas de « grève générale des transports de plus de 5 jours ». Non, rien de rien, certain.e.s ne doutent de rien (c’est même à ça qu’on les reconnaît, parait-il).

Il y a pourtant d’autres avantages à l’extension du télétravail : désaturation des restaurants d’entreprise, économie sur les subventions de la cantine (estimée à plusieurs dizaines de milliers d’euros par an2), libération de places de parking, etc. Mais rien n’y a fait : il parait que le management n’est pas prêt. N’hésitez donc pas à aller questionner vos responsables !

REPORT DES CONGÉS

L’UNSA demandait la reconduction de la mesure de 2018 sur la possibilité de reporter une semaine de congés payés jusqu’à fin août. Cette mesure avait permis à plusieurs dizaines de salarié.e.s de profiter de leurs jours de congés qu’ils auraient sinon perdus.

Et cette année ? C’est non, malgré l’absence d’un dispositif « d’épargne de jours » qui devait pourtant être négocié en 2018 (engagement de la Direction lors des NAO 2018) et le sera peut-être en 2019 (engagement de la Direction pour ces NAO 2019). 

SCOOP : il ne faudra pas attendre grand chose de ce futur potentiel dispositif. Les ex-Darty qui bénéficiaient auparavant d’un CET (Compte Epargne Temps) peuvent faire le deuil de leurs espoirs de retrouver un dispositif similaire. Le mécanisme à venir, s’il existe un jour, sera très limité à la fois en nombres de jours concernés (sans doute quelques jours de RTT uniquement) et en terme de valorisation des jours épargnés. Des négociations devraient s’ouvrir dans les semaines qui viennent…

UN RÉSULTAT QUI NE GRANDIT PERSONNE

En conclusion, que doit-on retenir de ces NAO 2019 ?

1- Même les salarié.e.s qui auront la chance d’être augmenté.e.s auront certainement une perte de pouvoir d’achat, du fait de l’inflation.

2- La Direction refuse des mesures non coûteuses à l’entreprise qui permettraient pourtant d’améliorer la qualité de vie au travail, l’équilibre vie privée / vie professionnelle, qui rendraient l’entreprise plus attractive… pour des raisons absconses ou sans raison aucune.

3- La publicité de ces NAO faite par la Direction va comprendre tout un tas de mesures qui n’en sont pas, ou qui n’ont rien à faire dans un accord de type NAO. Ne vous laissez pas tromper : il s’agit d’un simple remplissage, un écran de fumée, de la poudre de Perlimpinpin.

Dans sa dernière communication de négociation aux syndicats, la Direction avait précisé que certaines mesures ne seraient pas conservées si elle n’obtenait pas un accord majoritaire. L’une de ces mesures concernait les plus bas salaires. On chercherait une illustration de la notion de « chantage » qu’on n’aurait pas à aller plus loin.

A l’UNSA, on n’a pas pour habitude de se laisser traiter de la sorte. Nous ne pouvons pas accepter de valider des mesures qui, dans un contexte de profit, laisse les salarié.e.s dans l’incertitude économique, sans même compenser par des mesures non financières qui ne dépendent que de la bonne volonté de la Direction.

C’est avec regret et amertume mais en toute conscience et par honnêteté vis-à-vis des salarié.e.s, que nous avons pris la décision de ne pas être signataire de ces NAO.

 

  • Relisez notre plateforme de revendications ici.
  • Retrouvez notre bulletin UNSA NEWS #3 Spécial NAO ici.
  • Vous pouvez consulter l’accord NAO 2019, signé par 3 syndicats sur 5 seulement, sur cette page.

 

(1) A l’exception d’une mesure spécifique d’augmentation des élu.e.s (sous condition), qui est rétroactive au 1er janvier (Certain.e.s élu.e.s de l’UNSA ont bénéficié de cette rétro-activité).
Cette subtilité a malencontreusement été oubliée dans la communication de la Direction et de certains syndicats.